Le début du livre de Chemot est surprenant par la concision de sa narration. Tout se passe comme si le temps se déroulait à une vitesse supérieure. En quelques lignes, le décor est planté : le peuple des Bené Israël croît de manière exponentielle, Pharaon mu par la peur prend la décision de l’asservir, puis de faire mourir tous les bébés garçons, puis Moïse nait, est caché, jeté au fleuve, sauvé par la fille de Pharaon, élevé au Palais, il s’enfuit, se marie, devient berger, reçoit une théophanie au buisson ardent, reviens en Egypte et, avec son frère Aaron, demande à Pharaon de laisser le peuple sortir.Tout cela, en quelques lignes. Alors que la suite du livre de l’Exode est beaucoup plus concentrée : la place du texte sera occupée par la sortie d’Egypte et la révélation du mont Sinaï, avec quelques-unes des lois reçues. Soit en tout un épisode qui a duré quelques semaines.
Comme pour dire que toutes les époques ne se valent pas, en densité ou en intensité. Il peut se passer de longues années sans que rien d’intéressant ou de notable ne se produise, alors qu’il peut y avoir des moments dans lesquels les évènements s’enchaînent et se précipitent.
וַיֵּלֶךְ אִישׁ, מִבֵּית לֵוִי; וַיִּקַּח, אֶת-בַּת-לֵוִי.
“Un homme de la maison de Lévy partit, et prit pour femme la fille de Lévy”
Après l’évocation d’événements nationaux qui mettent en scène les vies de milliers de personnes, le focus se déplace de l’universel au particulier. Pour nous décrire la naissance de celui qui sauvera et libèrera le peuple de l’esclavage.
Une façon de dire que c’est dans les temps les plus sombres, où l’on croit être arrivé au bout de l’horreur, de la souffrance et de l’injustice, que naissent l’espoir et la délivrance.