7ème jour de Pessah

Le septième jour de Pessah a un statut particulier dans l’année juive et par rapport à la fête elle-même. Si on s’en tenait au texte de l’Exode, ce serait le septième jour qui serait fête, et même pas le premier !

שבעת ימים תאכל מצת וביום השביעי חג ליקוק:

Et en effet, tant dans la suite narrative de la Torah que dans le Midrach, on insiste sur le fait que la véritable sortie d’Egypte, au sens où les hébreux ont « passé la frontière » et ont été débarrassés de l’armée égyptienne en traversant la mer, était le septième et non le premier jour de Pessah.De là vient la tradition de lire dans la Torah le chant de la Mer (« Chirat hayam »).
Il existe même, dans certaines communautés, une tradition consistant à se rendre devant la mer ou l’océan pour rechanter ce célèbre poème biblique, aussi ancien que sublime. Pourquoi ? Peut-être faut-il y voir une manière de rappeler au printemps la cérémonie automnale du Tachlikh à Roch Hachana. D’un côté, le jour du jugement nous jetons symboliquement toutes les fautes qui nous encombrent, que nous portons comme un fardeau et qui nous empêchent d’avancer. De l’autre, le jour de la libération on évoque le souvenir d’un miracle inédit et inespéré qui nous permit de nous débarrasser de nos oppresseurs.
Le point commun ? La mer comme symbole d’un élément majestueux, mystérieux, incontrôlable, dangereux, où peuvent s’engloutir tous les malheurs. Et la capacité du créateur à maitriser cet élément pour en faire une arme contre nos ennemis, extérieurs ou intérieurs.
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Charles Baudelaire (1821-1867), Les fleurs du mal.

Chabbat chalom et Hag sameah !

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